MARTINE AUDET
Les Manivelles
Entendions-nous nos corps
perdre leurs nuits ?
Faibles mains,
feuilles,
en s'éveillant
les mots changeaient de bouche.
Des cordes,
près du cœur,
nous criaient de baisser les yeux.
Convenaient-ils, les mots ?
La nuit était le corps abandonné
aux plis des jours,
la voix qui donne raison au cœur,
mais saisissant le ventre des nuages,
sa soie criante
(tout semblait tenir en clarté
dans nos bras),
et, l’inclinant jusqu'au sol,
nous espérions la plus magnifique,
la plus naturelle frayeur.
L’eau avant le soleil
(d’anciens miroirs où tu voulais aller)
tendait le fil d’aube
et c’était les éclairs
d’un non ! non !
Cela perçait les tempes,
râpait nos dos de bêtes aimées.
La mort tirait mal.
La fenêtre ou le sang tirait mal
vers le haut.
*
Martine Audet a publié plusieurs recueils de poèmes dont Orbites (2000) et Les mélancolies (2003). Elle participe régulièrement à des événements littéraires et artistiques au Québec et dans le monde. Elle dirige une collection de poésie aux Éditions de l’Hexagone, à Montréal. |