YANNICK RENAUD
On dit enfermement
Portrait pour que d’autres connaissent l’instant de leur mort.
Personne ne sait ce qui se trame derrière les fenêtres, qu’une guerre en marche implique que le temps est perdu.
Falsifie ce que tu peux.
Il y a des gens faits pour voir ce que d’autres vivent. C’est dans une seule direction. C’est la vie.
On dit violence. On dit enfermement. On dit photographie.
Flou, comme foudre, comme si l’âge avait cessé, le gris ne sortant plus de ton corps.
On se demande qui aurait su te remplacer.
Silhouette sur ce qui semble un mode à part. Une présence simple.
Succédané de vie, troublant la lumière, affûtant le désir.
Pantin à ignorer, le temps de dire : « Jolie, mais flouée. »
Attends de tes larmes qu’elles répondent aux mers. Ne sois pas déçue.
Photographie de l’absence. Le monde pourtant à oublier, restreindre, effacer.
Envisager les difficultés, que le monde existe sans les yeux, que les bras ne servent qu’à prendre.
L’imprévisible permet d’appréhender un mouvement sans se préoccuper de celui qui suit. L’inavouable, d’imaginer sans voir ce que dissimule le noir.
Doctrine comme un rêve, comme l’idée qu’on se fait de la réalité.
Tes mains hors des cendres, tes pensées tombant par la fenêtre.
Le souvenir, une force, la nostalgie une faiblesse. Nous n’en reviendrons pas.
*
Yannick Renaud a fait paraître à l’automne 2005 un premier livre de poésie, Taxidermie, aux Éditions Les Herbes rouges puis, à l’automne 2006, un second, La disparition des idées, toujours aux mêmes éditions. Il occupe le poste de secrétaire de rédaction à la revue de poésie Estuaire. |