JEAN-PAUL MICHEL
« Un juste vers lancé dans l'écho des âges... »
Un juste vers lancé dans l'écho des âges,
par eux, peut-être, chuchoté,
dans la grotte des âges, les siècles voilà
la folie qui nous tient cette nuit in
quiet de manquer au poème s'il
se lève vient
battre le rêve qui lui donne ce
corps de feu,
cette âme
La plainte abîme tout.
Qui dira, d'un ton égal la vie la mort
ce que c'est d'avoir
glissé au pays des Echos à l'égal
d'un vers juste et, de là, sonner dans
le babil des vivants aimés sans craindre
sinon de coupables tristesses chez eux puisque
vivre n'est pas
savoir
Puisque jamais nous ne savons
quand nous croyons connaître pourquoi
abîmer d'inutiles imprécations l'innocence
de vies belles
du feu qui les brûle d'avoir
placé jusqu'à la fin quelque confiance
en un chant juste ?
Il sauve, élève, enjoint, pousse au-devant de soi
dans la gaieté, la
force – ses éclats é
claboussent toute vie.
Ce qui n'a pas été écrit aura été
perdu – mais vos visages !
Portés purs et brillants vers
leur louange – intacts ! La mort ne peut rien contre
des amours justement dites.
Qu'ils aient été nommés suffit pour que réponde
le poème à sa tâche
de justice
Il sauve ! Comment cela se pourrait-il perdre qui,
une fois, aurait eu
lieu ?
Et nous, âmes légères, cavaliers du vent, sitôt venus que
passés – sauf à ces chants, si trop ne mentent –
la vitesse d'une vie dans les orbes
éclat, paille d'or, é
vanouis peut-être mais toujours,
« dans la pièce d'à côté », dit Augustin – témoin, époux
frère et père.
Celui qui parle avec justesse épouse
toute chose nommée
à la vitesse des chevaux du vent qui l'emportent, allez
avec confiance je vous ai
aimés
(Extrait de Défends-toi, Beauté violente !, Paris, Flammarion, 2001. Ce recueil, épuisé, a fait l'objet d'une édition nouvelle corrigée, formant la troisième partie du dernier volume de poèmes rassemblés de Jean-Paul Michel : Je ne voudrais rien qui mente, dans un livre, Paris, Flammarion, 2010. ISBN : 978-2-0812-3197-9, 320 pages, 19,50 Euros.)
“Um verso justo lançado no eco das idades ...”
Um verso justo lançado no eco das idades,
Por elas, talvez, murmurado,
na gruta das idades, os séculos eis
a loucura que nos segura esta noite a
pavorado de faltar ao poema se
ele se ergue vem
bater o sonho que lhe dá esse
corpo de fogo,
essa alma
A queixa estraga tudo
Quem dirá dum tom só a vida a morte
o que é haver
decaído na região dos Ecos ao igual
dum verso justo e, dali, soar no
balbucio dos viventes amados sem temer
senão umas culpadas tristezas para eles pois
viver não é
saber
Pois jamais nos sabemos
quando nós achamos conhecer por que
estragar com inúteis imprecações a inocência
de vidas, - lindas
do fogo que as queima por ter
posto até o fim alguma confiança
num canto justo ?
Ele salva, levanta, anima, empurra adiante de si
na alegria, na
força – seus brilhos res
pingam toda vida
O que não foi escrito terá sido
perdido – mas seus rostros !
trazidos puros e brilhantes até
o louvor deles– intatos ! A morte não pode nada contra
umas amores justamente ditas.
basta que eles fossem nomeados para que atenda
o poema à sua tarefa
de justiça
Ele salva ! Como poderia perder-se isso que
uma vez, terá
sido ?
E nos, almas ligeiras, cavaleiros do vento, desde que vindos
passados – exceto nestes cantos, se não mentem demais-
a rapidez duma vida nas orbes
brilho, palha de ouro su
midos talvez mais inda
“no quarto do lado”, diz Agostino – testemunho, marido,
irmão e pai.
Aquele que fala com justeza desposa à
toda coisa nomeada
à rapidez dos cavalos do vento que o trazem, ide
com confiança eu vos tenho
amado
Tradução: Edouard Jacquemin-Guillaume.
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