ROBERT DESNOS
ROBERT DESNOS
RÊVES
En 1916.
« Je suis transformé en chiffre. Je tombe dans un puits qui est en même temps une feuille de papier, en passant d'une équation à une autre avec le désespoir de m'éloigner de plus en plus de la lumière du jour et d'un paysage qui est le château de Ferrières (Seine-et-Marne) vu de la voie du chemin de fer de l'Est. »
Durant l'hiver 1918-1919.
« Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. L'électricité est allumée. La porte de mon armoire à glace s'ouvre d'elle-même. Je vois les livres qu'elle renferme. Sur un rayon se trouve un coupe-papier de cuivre (il y est aussi dans la réalité) ayant la forme d'un yatagan. Il se dresse sur l'extrémité de la lame, reste en équilibre instable durant un instant puis se recouche lentement sur le rayon. La porte se referme. L'électricité s'éteint. »
En août 1922.
« Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. André Breton entre dans ma chambre, le Journal officiel à la main. « Cher ami, me dit-il, j'ai le plaisir de vous annoncer votre promotion au grade de sergent-major », puis il fait demi-tour et s'en va. »
Rêve (nuit du 7 au 8 septembre 1922)
Tous mes amis (sans que je puisse en citer un) et moi sommes réunis dans une piscine. Une galerie fait le tour de la salle. Nous y montons. Quand nous sommes sur le point de redescendre un défilé d'invertis sort de l'escalier. Ils sont vêtus d'un peignoir de bain blanc et coiffés d'un bonnet de coton blanc. Quelques-uns portent une perruque blonde. Tous sont fardés, sourient, font des clins d'yeux: leurs expressions sont absolument exaspérantes [j'ai à ce moment le sentiment qu'ils viennent de défiler dans une revue de music-hall]. Je suis très gêné, ma contenance est embarrassée. « Je fais celui qui ne les voit pas. » A ce moment je me rends compte que mes amis ont disparu, je les cherche, j'apprends qu'ils sont sortis. Je sors moi-même en hâte.
SONHOS
Em 1916.
« Estou transformado em cifra. Caio num poço que é ao mesmo tempo uma folha de papel, passando de uma equação a outra com o desespero de me afastar cada vez mais da luz do dia e de uma paisagem que é o castelo de Ferrières (Seine-et-Marne) visto da estrada de ferro do Leste. »
Durante o inverno de 1918-1919.
« Estou deitado e me vejo tal como sou na realidade. A luz elétrica está acesa. A porta do meu armário com espelho se abre sozinha. Vejo os livros que ela encerra. Numa prateleira se encontra um cortador de papel (ele está lá também na realidade) tendo a forma de um iatagã. Ele se ergue sobre a extremidade da lâmina, permanece em equilíbrio instável durante um instante depois volta a se deitar lentamente sobre a prateleira. A porta se fecha. A luz elétrica se apaga. »
Em agosto de 1922.
« Estou deitado e me vejo tal como sou na realidade. André Breton entra no meu quarto, o Diário Oficial na mão. « Caro amigo, ele me diz, tenho o prazer de te anunciar tua promoção ao grau de Sargento-Maior », depois ele faz meia-volta e vai embora. »
Sonho (noite de 7 para 8 setembro de 1922)
Todos os meus amigos (sem que eu possa citar sequer um) e eu estamos reunidos numa piscina. Uma galeria faz o contorno da sala. Subimos nela. Quando estamos a ponto de descer, um desfil e de invertidos sai da escadaria. Eles estão vestidos com um roupão de banho branco e ornados com um boné de algodão branco. Alguns portam uma perruca loira. Todos estão fardados, sorriem, dão piscadas de olhos: suas expressões são absolutamente exasperantes [tenho nesse momento o sentimento de que eles acabam de desfilar numa revista de teatro de variedades]. Fico muito constrangido, minha postura está embarraçada. « Faço que não os vejo. » Nesse momento dou-me conta de meus amigos desapareceram, procuro por eles, fico sabendo que eles saíram. Eu mesmo saio em disparada.
LANGAGE CUIT
Sur la mer maritime se perdent les perdus
Les morts meurent en chassant des chasseurs
Dansent en rond une ronde
Dieux divins! Hommes humains!
De mes doigts digitaux je déchire une cervelle
Cerébrale.
Quelle angoissante angoisse
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
Terre terrestre
Mais où est la terre céleste?
LANGAGE CUIT
Sobre o mar marítimo se perdem os perdidos
Os mortos morrem caçando caçadores
Dançam em roda uma roda
Deuses divinos! Homens humanos!
Com meus dedos digitais rasgo uma cérebro
Cerebral.
Que angustiante angústia
Mas as mestras amestradas têm cabelos cabeludos
Céus celestes
Terra terrestre
Mas onde está a terra celeste?
AU MOCASSIN LE VERBE
Tu me suicides, si docilement
Je te mourrai pourtant un jour.
Je connaîtrons cette femme idéale
et lentement je neigerai sur sa bouche
Et je pleurai sans doute même si je fais tard, même même si je fais beau temps
Nous aimez si peu nos yeux
et s’ecroulerai cette larme sans
raison bien entendu et sans tristesse.
sans.
AO MOCASSIM O VERBO
Tu me suicidas, tão docilmente
Eu te mourreri entretanto um dia.
Eu conheceremos essa mulher ideal
e lentamente eu nevarei sobre sua boca
E je pleurai sem dúvida mesmo se sou tarde, mesmo se faço tempo bom
Nós amais tão poucos nossos olhos
e se derramarei essa lágrima sem
razão bem entendido e sem tristeza.
sem.
UN JOUR QU’IL FAISAIT NUIT
Il s’envola au fond de la rivière.
Les pierres en bois d’ébène, les fils de fer en or et la croix sans
Branche.
Tout rien.
Je la hais d’amour comme tout un chacun.
La mort respirait de grandes bouffées de vide.
Le compas traçait des carrés
Et des triangles à cinq côtés.
Après cela il descendit au grenier.
Les étoiles de midi resplendissaient.
Le chasseur revenait, caranssière pleine de poissons
Sur la rive au milieu de la Seine.
Un ver de terre, marque le centre du cercle
Sur la circonférence.
En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours.
Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la foule.
Quand la marche nous eut bien reposés
Nous eûmes le courage de nous asseoir
Puis au réveil nos yeux se feremèrent
Et l’aube versa sur nous les réservoirs de la nuit.
La pluie nous sécha.
UM DIA QUE ERA NOITE
Ele voou para o fundo do rio.
As pedras de madeira de ébano, os fios de ferro em ouro e a cruz sem braço.
Tudo nada.
Eu a odeio com amor como todo um cada um.
A morte respirava grandes correntes de vazio.
O compasso traçava quadrados
E triângulos de cinco lados.
Após isso desceu ao sótão.
As estrelas do meio-dia resplandeciam.
O caçador voltava, o bornal cheio de peixes
Sobre a margem no meio do Sena.
Uma minhoca marca o centro de um círculo
Sobre a circunferência.
Em silêncio meus olhos pronunciaram um estridente discurso.
Então avançávamos numa aléia deserta onde se apressava a multidão.
Quando a marcha nos trouxe repouso
Tivemos a coragem de nos sentar
Depois ao despertar nossos olhos se fecharam
E a aurora verteu sobre nós os reservatórios da noite.
A chuva nos secou
À LA MYSTÉRIEUSE (1926)
J’AI TANT RÊVÉ DE TOI
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette
Bouche la naissance de la voix qui m’est chère?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se
Croiser sur ma potrine ne se plieraient pas au contour de ton corps,
Peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne
Depuis des jours et des années je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et
De l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je
Pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières
Lèvres et le premier front venu.
J’ai tant rêvé, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne
me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les
fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se
promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.
SONHEI TANTO CONTIGO
Sonhei tanto contigo que tu perdes tua realidade.
É ainda tempo de alcançar este corpo vivo e de beijar sobre esta
boca o nascimento da voz que me é cara?
Sonhei tanto contigo que meus braços habituados abraçando tua sombra à se
cruzar sobre meu peito não dobrariam a contorno de teu corpo,
talvez.
E que, diante da aparência real do que me ocupa e me governa
há dias e anos tornar-me-ei uma sombra sem dúvida.
Ó balanças sentimentais.
Sonhei tanto contigo que não é mais tempo sem dúvida que eu desperte.
Durmo ereto, o corpo exposto a todas as aparências da vida e
do amor e tu, a única que conta hoje para mim, eu
poderia menos tocar tua fronte e teus lábios que os primeiros
lábios e a primeira fronte que vieram.
Sonhei tanto, caminhei tanto, falei, deitei com teu fantasma que não
me resta mais talvez, e entretanto, senão ser fantasma entre os
fantasmas e mais sombra cem vezes que a sombra que passeia e
passeará alegremente sobre o quadrante solar de tua vida.
LES ESPACES DU SOMMEIL
Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s'y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l'assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l'aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.
Parfois d'étranges figures naissent à l'instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Et y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l'âme palpable de l'étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d'il y a 2 000 ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves, t'obstines à s'y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m'appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n'approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.
Toi qu'en dépit d'une rhétorique facile où 1e flot meurt sur les plages, où la corneille vole dans des usines ruine, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d'êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du monde.
Dans la nuit il n'y a pas d'anges gardiens, mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.
OS ESPAÇOS DO SONO
À noite há naturalmente as sete maravilhas do mundo e a grandeza e o trágico e o encanto.
Nela as florestas se chocam confusamente com criaturas de lenda escondidas nos bosques.
Há você.
Na noite há o passo do caminhante e o do assassino e o do agente de polícia e a luz do revérbero e a da lanterna do trapeiro.
Há você.
Na noite passam os trens e os barcos e a miragem dos países onde é dia. Os derradeiros sopros do crepúsculo e os primeiros arrepios da aurora.
Há você.
Uma ária de piano, um brilho de voz.
Uma porta range. Um relógio.
E não somente os seres e as coisas e os ruídos materiais.
Mas ainda eu que me persigo ou sem cessar me ultrapasso.
Há você a imolada, você que eu espero.
Por vezes estranhas figuras nascem no instante do sono e desaparecem.
Quando cerro os olhos, florações fosforescentes aparecem e murcham e renascem como carnosos fogos de artifício.
Países desconhecidos que percorro em companhia de criaturas.
E há você sem dúvida, ó bela e discreta espiã.
E a alma palpável do espaço.
E os perfumes do céu e das estrelas e o canto do galo de há 2 000 anos e o choro do pavão em parques em chama e beijos.
Mãos que se apertam sinistramente numa luz baça e eixos que rangem sobre estradas medusantes.
Há você sem dúvida que não conheço, que conheço ao contrário.
Mas que, presente em meus sonhos, te obstinas a neles se deixar adivinhar sem aparecer.
Você que permanece inapreensível na realidade e no sonho.
Você que pertence a mim por minha vontade de possuí-la em ilusão mas que não aproxima seu rosto do meu como meus olhos fechados tanto ao sonho como à realidade.
Você que a despeito de uma retórica fácil em que a onda morre nas praias, em que a gralha voa em usinas em ruínas, em que a madeira apodrece rachando-se sob um sol de chumbo.
Você que está na base de meus sonhos e que excita meu espírito pleno de metamorfoses
e que me deixa sua luva quando beijo sua mão.
À noite há as estrelas e o movimento tenebroso do mar, dos rios, das florestas, das
idades, das relvas, dos pulmões de milhões e milhões de seres.
À noite há as maravilhas do mundo.
À noite não há anjos da guarda, mas há o sono.
À noite há você.
No dia também.
LES TÉNÈBRES (1927)
I - LA VOIX DE ROBERT DESNOS
Si semblable à la fleur et au courant d’air
Au cours d’eau aux ombres passagères
Au sourire entrevu ce fameux soir à minuit
Si semblable à tout au bonheur à la tristesse
C’est le minuit passé dressant son torse nu au-dessus des
Beffrois et des peupliers
J’appelle à moi ceux-là perdus dans les campagnes
Les vieux cadavres les jeunes chênes coupés
Les lambeaux d’étoffe pourrissant sur la terre et le linge
Séchant aux alentours des fermes
J’appelle à moi les tornades et les ouragans
Les tempêtes les typhons les cyclones
Les raz de marée
Les tremblements de terre
J’appelle à moi la fumée des volcans et celle des cigarettes
Les ronds de fumées des cigares de luxe
J’appelle à moi les amours et les amoureux
J’appelle à moi les vivants et les morts
J’appelle les fossoyeurs j’appelle les assassins
J’appelle les bourreaux J’appelleles pilotes les maçons et
Les architectes
Les assassins
J’appelle la chair
J’appelle celle que j’aime
J’appelle celle que j’aime
J’appelle celle que j’aime
Le minuit triomphant déploie ses ailes de satin et se pose
Sur mon lit
Les beffrois et les peupliers se plient à mon désir
Ceux-là s’écroulent ceux-là s’affaissent
Les perdus dans la campagne se retrouvent en me trouvant
Les vieux cadavres ressuscitent à ma voix
Les jeunes chênes coupés se couvrent de verdure
Les lambeaux d’étoffe pourrissant dans la terre et sur la terre claquent à
ma voix comme l’étendard de la révolte
le linge séchant aux alentours des fermes habille d’adorables femmes que
je n’adore pas qui viennent à moi obéissant à ma voix et m’adorent
les tornades tournent dans ma bouche
les ouragans rougissent s’il est possible mes lèvres
les tempêtes grondent à mes pieds
les typhons s’il est possible me dépeignent
je reçois les baisers d’ivresse des cyclones
les raz de marée viennent mourir à mes pieds
les tremblements de terre ne m’ébranlent pas mais font tout crouler à
mon ordre
la fumée des volcans me vêt de ses vapeurs
et celle des cigarettes me parfume
et les ronds de fumée des cigares me couronnent
les amours et l’amour si longtemps poursuivis se réfugient en moi
les amoureux écoutent ma voix
les vivants et les morts se soumettent et me saluent les premiers
froidement les seconds familièrement
les fossoyeurs abandonnent les tombes à peine creusées et déclarent que
moi seul puis commander leurs nocturnes travaux
les assassins me saluent
les bourreaux invoquent la révolution
invoquent ma voix
invoquent mon nom
les pilotes se guident sur mes yeux
les maçons ont le vertige en m’écoutant
les architectes partent pour le désert
les assassins me bénissent
la chair palpite à mon appel
celle que j’aime ne m’écoute pas
celle que j’aime ne m’entend pas
celle que j’aime ne me répond pas
I – A VOZ DE ROBERT DESNOS
Tão semelhante à flor e à corrente de ar
Ao curso d’água às sombras passageiras
Ao sorriso entrevisto essa famosa noite à meia-noite
Tão semelhante a tudo à felicidade à tristeza
É a meia-noite passada que levanta seu dorso nu acima das
Torres e dos álamos
Chamo até a mim aqueles perdidos nos campos
Os velhos cadáveres os jovens carvalhos cortados
Os retalhos de tecido que apodrecem sobre a terra e o linho
Que seca nos arredores das fazendas
Chamo até a mim os tornados e os furacões
As tempestades os tufões os ciclones
As ressacas do mar
Os tremores de terra
Chamo até a mim a fumaça dos vulcões e a dos cigarros
Os círculos de fumaça dos cigarros de luxo
Chamo até a mim os amores e os amantes
Chamo até a mim os vivos e os mortos
Chamo os coveiros chamo os assassinos
Chamo os carrascos chamo os pilotos os pedreiros e
os arquitetos
os assassinos
chamo a carne
chamo aquela que amo
chamo aquela que amo
chamo aquela que amo
a meia-noite triunfante abre suas asas de cetim e se põe
Sobre minha cama
As torres e os álamos se dobram ao meu desejo
Aquelas desabam aqueles se envergam
Os perdidos no campo se reencontram ao me achar
Os velhos cadáveres ressuscitam por minha voz
Os jovens carvalhos cortados se cobrem de verdor
Os retalhos de tecido que apodrecem na terra e sobre a terra estalam à
minha voz como o estandarte da revolta
o linho que seca nos arredores das fazendas veste adoráveis mulheres que
eu não adoro que vêm a mim obedecem à minha voz e me adoram
os tornados giram em minha boca
os furacões enrubescem se é possível meus lábios
as tempestades murmuram aos meus pés
os tufões se é possível me pintam
recebo os beijos de embriaguez dos ciclones
as ressacas do mar vêm morrer aos meus pés
os tremores de terra não me abalam mas fazem tudo desabar à
minha ordem
a fumaça dos vulcões me veste com seus vapores
e a dos cigarros me perfuma
e os círculos de fumaça dos cigarros me coroam
os amores e o amor há tanto perseguidos se refugiam em mim
os amantes escutam minha voz
os vivos e os mortos se submetem e me saúdam os primeiros
friamente os segundos familiarmente
os coveiros abandonam os túmulos arduamente cavados e declaram que
apenas eu posso comandar seus noturnos trabalhos
os assassinos me saúdam
os carrascos invocam a revolução
invocam minha voz
invocam meu nome
os pilotos se guiam sobre meus olhos
os pedreiros sentem vertigem ao me escutar
os arquitetos partem para o deserto
os assassinos me benzem
a carne palpita a meu apelo
aquela que amo não me escuta
aquela que amo não me ouve
aquela que amo não me responde
14-12-1926
Tradução: Eclair Antonio Almeida Filho
Leia também outras traduções do poeta, feitas por Jorge Lúcio de Campos.
*
Robert Desnos (1900-1945), poeta francês. Após concluir os estudos básicos, ingressou numa escola comercial, que abandonou aos 16 anos de idade. Trabalhou numa farmácia parisiense, na juventude, escrevendo poemas nas horas livres, que passou a publicar a partir de 1918 no jornal Tribune des Jeunes. No ano seguinte, trabalha como gerente de uma editora. Conhece André Breton e o movimento dadaísta. Em 1920, é chamado para cumprir o serviço militar, servindo no Marrocos. Em 1922, publica seu livro de estréia, Rrose Selavy, e adere ao surrealismo. Nos anos seguintes, publica Language Cuit(1923) e Deuil par Deuil(1924) e assume o cargo de redator da revista La Révolution Surréaliste. Por se recusar a aderir ao Partido Comunista Francês, é criticado por seus colegas no movimento surrealista, com o qual rompe pouco depois. Desnos atuou em diferentes ocupações profissionais na área imobiliária, como locutor de folhetins radiofônicos, redator publicitário e cançonetista. Com o início da II Guerra Mundial, alista-se novamente no exército francês para combater os nazistas. Após a derrota francesa, ingressa na Resistência. Aprisionado em 1944, é enviado para o campo de concentração de Auschwitz, e depois para o de Terezin. Contraindo febre tifóide, morre em 1945, pouco antes da libertação do campo pelas tropas aliadas. Em 1953, foi publicado o livro Domaine public, que reúne o essencial da sua obra poética. |